Position et Opinion de l’UEL – Rédigé par Pauline Cossa et Gwenn Gissinger
UNE FEUILLE DE ROUTE POUR LES EMPLOIS DE QUALITÉ : UNE AMBITION SOCIALE QUI NE DOIT PAS MASQUER LA RÉALITÉ ÉCONOMIQUE
La Commission européenne a lancé une consultation en vue de l’élaboration d’une feuille de route pour des « emplois de qualité ». Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’agenda social européen, avec l’ambition affichée d’améliorer l’emploi et la qualité du travail en Europe.
Dans ce cadre, les États membres, dont le Luxembourg, ont été sollicités pour contribuer à la réflexion. Le développement ci-dessous présente la position des employeurs luxembourgeois, en réponse à cette initiative.
Si l’objectif est légitime, il soulève néanmoins des questions sur la façon d’y parvenir et sur la place que chacun doit y tenir.

Pauline Cossa

Gwenn Gissinger
L’UEL tient à rappeler un principe fondamental : un emploi de qualité ne se décrète pas par voie législative. La qualité d’un emploi découle d’abord et avant tout d’une économie forte, d’entreprises compétitives et d’un environnement propice à la croissance, à l’investissement et à l’innovation.
Le concept de « quality job » reste subjectif et évolutif. L’UEL estime qu’il serait inapproprié d’établir une définition ou des critères uniques et rigides applicables à toutes les situations professionnelles tant les réalités économiques, sociales et individuelles diffèrent selon les contextes. Toute tentative de définition figée, assortie d’obligations, reviendrait à ignorer la diversité du tissu économique européen.
L’Europe dispose déjà d’un cadre solide en matière de droit du travail, de protection sociale et de conditions de travail. Avant de légiférer davantage, il faut optimiser et simplifier l’existant. L’inflation réglementaire, en particulier pour les petites et moyennes entreprises, devient un frein à la compétitivité. C’est tout l’équilibre de l’agenda social européen qu’il faut revoir : la feuille de route ne peut pas devenir un nouvel instrument contraignant déconnecté des réalités économiques.
Pour le Luxembourg, la priorité est claire : sortir d’une spirale de récession persistante, recréer de l’activité, résorber les pénuries de compétences, renforcer la productivité. Dans ce contexte, la question des « emplois de qualité » ne peut être traitée indépendamment du cadre économique global.
L’UEL appelle à une feuille de route réaliste, évolutive et non normative, qui respecte les compétences nationales en matière sociale et valorise les initiatives existantes. Le dialogue social autonome, les bonnes pratiques et les soutiens ciblés visant notamment la formation et l’innovation doivent primer sur toute nouvelle législation.
Garantir des emplois de qualité suppose d’abord des entreprises en bonne santé.
Sans activité économique, il n’y a pas d’emplois. Sans compétitivité, la qualité de l’emploi ne peut être ni préservée, ni durable.